Nomenclature du théâtre grec

Délos : restitution du théâtre vers 240 av. J.-C. en maquette numérique (Exploration archéologique de Délos XLII, fig. 429)

 

Délos : restitution du théâtre de vers 240 av. J.-C. en plan (Exploration archéologique de Délos​​​​​​ XLII, fig. 403)

 

Diazôma (masc. ; pl. diazômata) :
Les chercheurs modernes ont pris l'habitude d'employer ce terme pour désigner une circulation divisant horizontalement les gradins. En grec ancien διάζωμα est assez rarement appliqué à un théâtre et il y désigne toujours une série de gradins entre l'orchestra et une circulation horizontale ou entre deux circulations horizontales. Il apparaît donc avoir été un équivalent du latin maenianum. Cf. l'article «précinction» pour le théâtre latin.

Ekkyklème (masc.) :
Transcription du grec ancien ἐκκύκλημα désignant un praticable muni de roues qu'à l'époque classique, on poussait par une porte de la skènè dans l'orchestra. Il permettait de montrer par convention les scènes d'intérieur ou le résultat de scènes qui s'étaient fictivement déroulées dans le bâtiment de scène.

Hyposkènion (masc.; pl. hyposkènia ) :
Espace qui, au rez-de-chaussée d'un bâtiment de scène à proskènion, est compris entre la face antérieure de la skènè et la colonnade du proskènion. Le terme ὑποσκήνιον est très rare en grec ancien. Cf. article «hyposcaenium» pour le théâtre latin.

Kerkis (fém.; pl. kerkides) : 
Les chercheurs modernes emploient le terme pour désigner une portion des gradins en forme de coin, délimitée par deux escaliers rayonnants. Tel ne semble pas être le sens du mot κερκίς dans les textes grecs où il désigne une partie du théâtre. Cf. article «cuneus» pour le théâtre latin.

Koilon (masc.; pl. koila) :
Le terme est employé par les chercheurs modernes comme équivalent du latin cavea pour désigner l'ensemble des gradins et de leurs substructions, que les Grecs anciens appelaient θέατρον. Pour éviter ce terme certains chercheurs emploient les substantifs auditorium ou hémicycle, faute de mieux, car il n'existe pas en français de mot qui désigne globalement les gradins, les circulations qui les parcourent et leurs accès. En grec ancien, l'adjectif substantivé τὸ κοῖλον désigne une partie creuse ou concave. Le terme n'est pas attesté pour désigner une partie du théâtre. Cf. article «cavea» pour le théâtre latin.

Logeion (masc.; pl. logéia ) :
 Plancher formant une couverture en terrasse entre la colonnade du proskènion et le front de la skènè. Il semble qu'en grec ancien λογεῖον se soit aussi appliqué au plancher de l'étage de la skènè qui prolongeait celui du proskènion.

Mèchanè (fém.; pl. mèchanai) :
Grue dont l'usage est bien attesté dans le théâtre classique à Athènes. Implantée derrière la skènè, elle permettait de porter un acteur sur son toit et de le déposer devant le bâtiment, dans l'orchestra. Elle servait surtout, dans la tragédie, pour les apparitions divines, d’où l’expression «deus ex machina», littéralement, le dieu amené par la machine. Εn grec ancien, μηχανή est le terme le plus fréquent pour désigner cette grue, qui apparaît aussi sous le nom de γέρανος ou de κραδή.

Paraskènion (masc.; pl. paraskènia) :
L'habitude s'est prise chez les modernes d'appliquer le mot paraskènion aux avant-corps d'une skènè sans étage d'époque classique ou d'un proskènion hellénistique. Aucun de ces emplois n'est attesté dans les textes antiques. En grec ancien παρασκήνιον désigne toutes sortes de constructions associées à un bâtiment de scène (σκηνή).

Parodos (fém.; pl. parodoi) :
Le terme désigne un accès latéral à l'orchestra, souvent doté d'une porte monumentale à partir du IVe s. av. J.-C. Les murs de soutènement du koilon qui bordent les parodos sont appelés «murs de parodos». Le grec ancien πάροδος est attesté dans ce sens à partir de la fin de l’époque classique. Pour désigner ces passages, on trouve εἴσοδος dans les textes littéraires plus anciens. Cf. article «aditus» pour le théâtre latin.

Passage souterrain :
Dans certains théâtres hellénistiques des passages souterrains relient la skènè ou l'hyposkènion à l'orchestra. En se fondant sur une interprétation sans doute erronée d'un passage où Pollux (IV 127) mentionne des «échelles charôniennes» (χαρώνιοι κλίμακες), les modernes ont pris l'habitude de qualifier ces passages de charôniens.

Pinax (masc.; pl. pinakes) :
 Panneau de bois peint cloisonnant un entrecolonnement du proskènion. Le terme est la transcription du grec ancien πίναξ, qui désigne toutes sortes de tableaux, tablettes et panneaux, dont ceux des théâtres hellénistiques.

Proskènion (masc.; pl. proskènia) : 
Dans les études modernes l'habitude s'est prise d'employer le terme pour désigner à la fois la colonnade des bâtiments de scène hellénistiques et la couverture en terrasse qui leur est associée et que l'on appelle aussi logéion. On l'utilise aussi pour désigner les estrades hautes et profondes dont sont dotés certains théâtres de l'Orient grec à l'époque impériale. En grec ancien, προσκήνιον désigne à l'époque hellénistique la colonnade bordant l'orchestra des édifices scéniques qui sont dits «à proskènion». Ils comportent une skènè à deux niveaux dont le front de l'étage est percé de larges baies que certains appellent à tort des θυρώματα / thyrômata. À l'époque impériale, προσκήνιον désigne le front de scène et est donc un équivalent du latin scaenae frons.

Skènè (fém.; pl. skènai) :
A l'époque classique le terme désigne l'ensemble du bâtiment de scène qui ne comporte qu'un seul niveau et dont la façade tournée vers l'orchestra peut être dotée d'avant-corps. À l'époque hellénistique, dans le bâtiment de scène à proskènion, le terme dé signe la partie centrale du bâtiment de scène. Son rez-de-chaussée servait de vestiaire et le plancher de son étage, à niveau avec la couverture en terrasse du proskènion, constituait un lieu scénique secondaire par rapport à l'orchestra. Skènè est la transcription du grec ancien σκηνή qui est attesté dans ces différents sens.