Nomenclature du théâtre latin

Orange : restitution du théâtre en vue perspective (A. Badie)

 

Orange : plan restitué du théâtre (A. Badie)

Nomenclature théâtre latin

 

Augst : axonométrie restituée du théâtre à la fin du Ier s. apr. J.-C. (T. Hufschmid)

 

Augst : plan restitué du théâtre à la fin du Ier s. apr. J.-C. (T. Hufschmid) 

 

Drevant : axonométrie de l'état actuel du théâtre (M. Fincker)

Aditus (masc.; pl. aditus) :
Ce terme latin est employé par les chercheurs modernes pour désigner un accès latéral à l'orchestra. Ces accès étaient généralement couverts et passaient sous les deux extrémités de la cavea accolées au bâtiment de scène. Vitruve emploie le terme aditus de manière plus générique pour désigner les accès, aux gradins dans leur ensemble (V, 3, 5) ou à la scène (V, 6, 8) et iter (pl. itinera ) (V, 6, 5) pour désigner plus précisément les accès que nous dénommons aditus.

Ambulacre (masc.) :
Les chercheurs modernes emploient ce terme pour désigner un couloir semi-circulaire aménagé dans les substructions de la cavea et permettant de rejoindre les gradins, directement ou en empruntant d’autres espaces de circulation (voir couloir rayonnant).

Balteus (masc.; pl. baltei) :
Les chercheurs modernes ont pris l'habitude de désigner par ce nom le muret ou parapet qui, dans certains théâtres, sépare les degrés bas de la proédrie du reste des gradins ou bien deux secteurs de gradins entre eux. Le terme balteus, qui désignait au sens premier une ceinture ou un objet courbe, n'est que très rarement attesté dans le contexte de l’architecture théâtrale dans l'Antiquité.

Basilique : dans le contexte de l’architecture théâtrale, ce terme désigne des espaces couverts, situés sur les côtés du bâtiment de scène et des parascaenia. On estime qu'ils étaient destinés à recevoir du public et à favoriser la circulation entre l'extérieur du théâtre (notamment la porticus post scaenam) et la cavea. Ces espaces latéraux pouvaient aussi sans doute servir de coulisses pendant les spectacles, notamment lorsque les estrades n'étaient pas flanquées de parascaenia. L'emploi antique du terme est attesté dans une inscription associée au théâtre d'Iguvium (CIL XI, 2, 5820) ainsi que dans des inscriptions du théâtre de Thugga (CIL VIII, 26606-26607); Vitruve ne l'emploie pas à propos des théâtres.

Carcer (masc.; pl. carceres) :
Dans les théâtres de Gaule munis d’équipements relevant habituellement des amphithéâtres, on désigne sous ce nom de petites pièces aménagées dans le couloir de service situé derrière le mur de podium, au niveau de l'orchestra. Si on peut attester une fonction cultuelle pour une de ces pièces, on parlera de sacellum (cf. sacellum).

Cavea (ima / media / summa cavea) (fém.; pl. caveae) :
Le terme cavea est utilisé par les chercheurs modernes pour désigner, dans le théâtre latin, l'ensemble des gradins ainsi que parfois leur substruction. On a également pour habitude de qualifier d'ima cavea, media cavea, et summa cavea (de bas en haut) les secteurs horizontaux souvent observables dans les gradins et correspondant aux différents maeniana.

Couloir rayonnant :
Couloir aménagé dans les substructions de la cavea et permettant d'accéder aux gradins selon un cheminement orienté vers le centre du demi-cercle du théâtre.

Cuneus (masc.; pl. cunei) :
Terme utilisé en latin et repris par les chercheurs modernes pour désigner un secteur de gradins cunéiforme (en forme de coin) délimité, au sein d'un maenianum, par deux escaliers rayonnants qui se succèdent.

Frons pulpiti (fém. ; pl. frontes pulpiti) :
Cette expression latine est utilisée pour désigner la face de l'estrade qui était tournée vers l'orchestra et la cavea. Elle était généralement pourvue d'un décor architectural, sculpté ou peint.

Frons scaenae ou scaenae frons (fém.; pl. frontes scaenae ou scaenarum frontes [Vitruve VII 5, 2]) :
Cette expression est utilisée pour désigner le front de scène et son décor dans le théâtre latin. Le terme latin scaena employé seul désigne aussi dans certains cas le front de scène chez Vitruve.

Hyposcaenium (masc.; pl. hyposcaenia) : 
Ce terme latin a été forgé par les chercheurs modernes à partir du grec pour désigner l'espace situé sous le plancher du pulpitum et comportant des constructions destinées à supporter ce plancher mais aussi des aménagements pour les manœuvres du rideau ou d'autres machines.

Maenianum (masc.; pl. maeniana) :
Le terme désigne dans la littérature archéologique un secteur de gradins situé entre l'orchestra et une précinction ou entre deux précinctions.

Mur de scène :
Cette expression est employée pour désigner le mur porteur situé derrière l'ornementation du front de scène.

Parascaenium (masc.; pl. parascaenia) :
Ce mot latin est utilisé dans le langage archéologique moderne pour désigner les salles flanquant les extrémités de l'estrade. Les parascaenia peuvent être eux-mêmes flanqués de basiliques.

Podium (masc.; pl. podia) :
Dans le contexte de l'architecture théâtrale antique, le terme désigne soit un piédestal sur lequel reposent une ou plusieurs colonnes d'un front de scène, soit un massif bordant l'orchestra ou une précinction de la cavea. La face antérieure de ce massif est appelée «mur de podium».

Porte royale : cf. valvae regiae

Porticus in summa cavea (fém.; pl. porticus in summa cavea) : 
Cette expression en latin est couramment employée pour désigner le portique qui pouvait être aménagé au sommet de la cavea, à une hauteur équivalente ou un peu inférieure au sommet du bâtiment de scène. Certains, à la suite de Vitruve, parlent aussi de porticus in summa gradatione.

Porticus post scaenam (fém.; pl. porticus post scaenam) :
Cette expression, utilisée par Vitruve, a été figée dans le langage archéologique moderne pour désigner les portiques adossés à l'arrière des bâtiments de scène. Ils pouvaient prendre diverses formes allant de la simple galerie couverte jusqu'au quadriportique entourant une vaste place.

Postscaenium (masc.; pl. postscaenia) :
On désigne sous ce nom la partie du bâtiment de scène située derrière le front de scène et pouvant servir de coulisses pendant le spectacle.

Précinction (fém.) :
Le terme est employé par les chercheurs modernes pour désigner les circulations horizontales qui séparent différentes volées de gradins dans le théâtre latin (voir diazôma pour le théâtre grec, selon l'appellation moderne). Praecinctio est attesté dans ce sens en latin seulement chez Vitruve puis au IVe s. ap. J.-C.

Proscaenium (masc.; pl. proscaenia) :
Dans les textes latins le terme pouvait désigner soit tout le bâtiment de scène, soit l'ensemble de l'estrade sur laquelle se déroulaient les spectacles (par exemple dans le traité d'architecture de Vitruve, V, 6, 1 et V, 7, 1). Dans ce second sens, ce terme incluait le pulpitum qui désignait plus précisément le plancher de cette estrade. Dans la littérature archéologique moderne, on emploie plutôt pulpitum pour désigner l'ensemble de l'estrade, mais certains auteurs continuent à parler de proscaenium.

Pulpitum (masc.; pl. pulpita) :
On désigne sous ce nom l'estrade basse située en avant du front de scène sur laquelle se déroulaient les spectacles dans le théâtre latin (cf. aussi la définition de proscaenium).

Rideau :
On emploie de préférence le terme français (en latin aulaea) pour désigner le dispositif qui pouvait masquer l'estrade et être abaissé au début des spectacles dans le théâtre latin. On observe souvent sous le pulpitum et dans l'hyposcaenium des aménagements destinés à la manœuvre de ce rideau : fosse ou puits recevant les mâts du rideau et espace pour la machinerie qui permettait de les actionner.

Sacellum (masc.; pl. sacella) :
Dans le contexte de l'architecture théâtrale antique ce terme latin - qui désigne de manière générale une enceinte sacrée de petite taille ou intégrée à un autre édifice - peut être employé pour qualifier un espace réservé au culte à l'intérieur du théâtre. On en trouve par exemple au sommet des gradins (sacellum in summa cavea), mais aussi, dans les théâtres de Gaule munis d'équipements relevant habituellement des amphithéâtres, dans le couloir de service situé dans le podium bordant l'orchestra.

Substructions :
On désigne par l'expression «substructions de la cavea» l'ensemble des constructions destinées à porter les gradins dans les théâtres latins construits sur terrain plat. Dans certains édifices, on y a aménagé des circulations ou des pièces utilisables pour diverses fonctions.

Toit de l'estrade :
On désigne ainsi le toit en surplomb qui pouvait couvrir une partie de l'estrade, en avant de la frons scaenae. Ce toit est aussi souvent appelé «auvent», conformément à la nomenclature architecturale moderne.

Tribunal (masc.; pl. tribunalia) :
On a l'habitude de désigner sous ce terme chacune des loges d'honneur couramment aménagées dans les théâtres latins sur les côtés de la cavea, au-dessus de la couverture des aditus. Généralement isolées du reste des gradins, elles pouvaient disposer d'un accès spécifique. En latin, le terme désigne de manière plus générale un emplacement réservé et peut donc parfois être appliqué à d'autres catégories de places réservées signalées par un aménagement spécifique dans les gradins.

Valvae regiae (fém. pl.) :
Cette expression latine qui signifie « la porte royale » est utilisée par les archéologues, à la suite de Vitruve, pour désigner la porte centrale du front de scène. Certains recourent à l'expression valva regia, mais le latin emploie plutôt le mot au pluriel car il renvoie aux battants de la porte. Le terme latin regia employé dans le contexte de l'architecture théâtrale est aussi parfois compris et utilisé par les chercheurs modernes en ce sens, cependant ses attestations antiques sont trop problématiques pour qu'on puisse l'accepter.

Valvae hospitales (fém. pl.) :
Cette expression latine qui signifie «les portes des hôtes» est utilisée pour désigner les portes aménagées dans le front de scène de chaque côté de la porte centrale, dite royale. Elle a été forgée par les chercheurs modernes à partir du mot latin hospitalia (neutre pluriel) employé par Vitruve dans ce sens et de l'expression valvae regiae (cf. valvae regiae).

Velum (masc.; pl. vela) :
Ce terme repris directement du latin (même si, dans ce sens, il n'est attesté qu'au pluriel) est employé pour désigner le dispositif de toiles qu'il était possible de déployer au-dessus de la cavea de certains théâtres afin de protéger le public du soleil. Dans les théâtres latins, le velum était porté par une série de mâts en bois dont on retrouve des systèmes d'accrochage sur tout le pourtour de l'édifice, au sommet de la cavea et du bâtiment de scène. Dans plusieurs théâtres de la partie orientale de l'Empire, le velum était fixé sur des mâts implantés dans le koilon suivant des directions rayonnantes.

Versura (fém.; pl. versurae) : 
Ce terme latin employé par Vitruve peut être un synonyme de parascaenium et désigner les ailes en avancée du bâtiment de scène qui encadrent l'estrade ou bien désigner seulement les murs qui délimitent les petits côtés de l'estrade.

Vomitoire ou vomitorium (masc.; pl. vomitoria) :
On désigne par ce mot - tiré du latin et se référant à l'image des flux de personnes - les portes des accès débouchant des substructions dans les gradins, à différents niveaux de la cavea.